Situé au sud de la chaîne principale des Alpilles et séparé de celle-ci par la dépression des Baux de Provence, le Grand Mejan nous accueille pour une très belle randonnée de 3 heures entre senteurs provençales typiques, vestiges de l’occupation humaine et paysages surprenant de diversité.
Accompagnateur en Montagne depuis 3 ans mais aussi formateur sur le thème des paysages, de la géographie de terrain et de l’éducation au territoire, j’aime rechercher et proposer des itinéraires de découverte accessibles à toutes et tous, riches en contenus et surtout variés au rythme de la marche.
Admirables mosaïques de terroirs aménagés de longue date et de nature préservée flamboyante, les massifs provençaux peu considérés des montagnards offrent pourtant de beaux terrains de randonnée où j’aurai grand plaisir à vous accompagner.
Le Grand Mejan : un balcon sur les Alpilles et les Baux de Provence
Le Grand Mejan et les reliefs environnants offrent une vue assez complète sur la chaîne des Alpilles. Signifiant historiquement « petites Alpes », ce massif s’étire d’ouest en est sur environ 25 km, depuis Saint-Etienne du Grès aux portes de Tarascon en bord du Rhône, jusqu’à Orgon au nord-est en bordure de Durance et Lamanon au sud-est. Situé en droite ligne du couloir rhodanien, le massif connaît de nombreux jours de mistral ce qui lui vaut généralement un ciel d’une pureté remarquable.
Les reliefs sont peu élevés à vrai dire, qui culminent au signal des Opies (492 mètres), mais la nature essentiellement calcaire des roches explique les formes vigoureuses, le compartimentage et les plissements spectaculaires des couches sédimentaires composant le massif. Un bel exemple s’offre au randonneur sur la ligne de crête en allant vers l’ouest à partir de Maussane-les-Alpilles : le site des Baux-de-Provence est bâti sur une épaisse dalle de calcaire Burdigalien, blanc et très dur, pouvant faire de 40 à 60 mètres d’épaisseur. Il s’agit d’un calcaire presque pur (99 % de C03Ca) formé exclusivement de débris organiques. La même roche compose le secteur du « Désert » situé juste au sud-ouest, fait de grands blocs ronds et erratiques. Par soleil rasant l’ensemble est saisissant et je me plais à y imaginer quelques châteaux cathares avec mes compagnons de marche !
Une riche imbrication entre nature et mise en valeur par l’homme
Cette nature provençale est mise à l’épreuve des éléments. Sur les hauteurs on retrouve un paysage de végétation rase, de genêts et d’épineux, de romarin et de thym, où le pin d’Alep tire bien « ses aiguilles du jeu ». En d’autres endroits, les traces sont encore visibles des incendies qu’a connu le massif jusqu’à la mise en place d’une fermeture des accès les jours de risque fort, en été. Mais dès que le relief se creuse, dès qu’un sol a pu être constitué par le patient travail des hommes, il est remarquable de constater la diversité du paysage : oliveraies et vignobles dans les plaines et dépressions, créant des terroirs aux airs de Toscane, vallons abrités propices à une végétation plus arborée et luxuriante…
Le contraste est encore plus saisissant à la retombée méridionale du massif : en quelques centaines de mètres on passe de l’atmosphère surchauffée d’une oliveraie aux abords verts et frais du canal de la vallée des Baux, qu’affectionnent bouquets de cannes et libellules !
Ici débute la dépression située au sud des Alpilles, qui s’épanouit au-delà dans la plaine de la Crau. Le massif est parcouru par de nombreux ruisseaux que l’on nomme des « gaudres ». Un gaudre (« petit ruisseau » en provençal) désigne un cours d’eau souvent à sec en été et à faible débit le reste de l’année.
Dès les Romains, les hommes ont aménagé et draîné ce réseau hydrographique. Ajoutés au cours naturel des gaudres, plusieurs « roubines » et « canaux » ont été creusés : à la fois pour drainer les quantités d’eau importantes que recèle le sol des communes du massif, afin de développer l’agriculture, mais aussi pour mieux maîtriser les risques d’inondation.
Jusqu’aux années 1880 s’étendait au sud une zone totalement inondée et connue sous le nom de « marais des Baux ». Ce grand lac, riche en poisson, s’étendait sur plusieurs hectares et a permis à des générations de Maussanais de vivre de la pêche. Pour des raisons d’hygiène, ceux-ci ont été asséchés progressivement dès les années 1830 et le réseau actuel des canaux témoigne de ces aménagements hydrauliques remarquables.
Industriels lyonnais, bauxite et aluminium
En 1821, le chimiste Pierre Berthier prospecte près du village des Baux-de-Provence, à la recherche de minerai de fer pour le compte d’industriels lyonnais. Il découvre en quantité une roche tantôt blanche, rouge ou grise, caractérisée par sa forte teneur en alumine et en oxydes de fer expliquant sa couleur souvent rougeâtre. Issue de l’altération de roches en climat tropical pendant le Crétacé (-145 à -65 millions d’années), cette roche reçoit le nom de « terre d’alumine des Baux », puis de « beauxite » transformé ensuite en « bauxite » !
Un affleurement ininterrompu de bauxite ceinture effectivement la base des reliefs situés au sud et au sud-ouest du village. Perdus entre garrigue et pics calcaires épargnés de l’érosion, se croyant en pleine nature, il ne sera pas rare que nous rencontrions les restes d’affleurements rougeâtres éventrés par l’extraction humaine, vestiges d’une activité industrielle liée à ce sous-sol exceptionnel.
A bientôt sur les chemins, pour cette découverte du Grand Mejan !
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Olivier Léonard
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